Depuis l’exposition de cette problématique dans le débat public avec l’affaire Weinstein, Manuel Valls n’a pas pris publiquement position. Il faut dire qu’en 2011, à l’occasion de l’affaire Dominique Strauss-Kahn et du Sofitel, ce dernier était extrêmement bienveillant à l’égard de son coreligionnaire du PS, allant même jusqu’à dénoncer l’atteinte à la présomption d’innocence faite par les médias. Et il aura fallu que les révélations d’agressions sexuelles portent sur Tariq Ramadan pour que Manuel Valls sorte de l’ombre et s’inquiète du sort fait aux femmes. Une indignation à géométrie très variable, donc.
Les pressions sur la Famille Traoré ne faiblissent pas. Nous pensions que la soirée du jeudi 17 novembre ne pouvait pas être plus violente. Il nous aura fallu attendre ce mardi 22 novembre au matin pour nous rendre compte qu’elles ne pourront que s’intensifier. Youssouf Traoré a été emmené ce matin en garde à vue à la gendarmerie de Pontoise.
Le simple fait de préciser " sans distinction [...] de race" est en soi problématique, puisqu'il sous-entend que l'on pourrait, justement, distinguer des races...
Sans parler de la présence du mot race dans la constitution, refuser catégoriquement de parler de race comme on le fait en france c'est de l'aveuglement qui ne sert qu'aux racistes.
Ça leur permet de se mettre du côté du bon sens en disant qu'ils ont raison regardez les noris et les arabes ils sont pas comme nous. Et ça nous empêche de penser comment la société applique ses discriminations sur tout ce qui n'est pas blanc.
Sauf que quand on dit ça, évidemment, voila les pas-racistes qui débarquent nous traitant de racialistes, refusant de voir qu'en dépit de l'inexistence de races biologique (que des racistes old-schools défendent encore) et du relativisme, racialiste et essentialisant, lui, qui veut que les noirs et les arabes sont pas comme nous car ils ont une culture différente donc forcément incompatible, en dépit de tout ça donc, les personnes racisées sont bel et bien la cible de racismes particulier selon leur couleur de peau et/ou les origines de leurs ancêtres.
Il s'agit de l'appartenance à une race sociale qu'on leur impose. Qui mène à des expériences similaires. Et qu'il convient de prendre en compte pour lutter contre.
(Spa contre toi Sammy hein, je me suis juste laisser emporté dans une explication sur l'anti-racisme politique en partant de l'aveuglement aux couleurs 😉)
Le 17 octobre 1961 alors que la guerre d’Algérie touche à sa fin,
le FLN appelle à une manifestation pacifique dans les rues de Paris
pour dénoncer le couvre-feu raciste imposé quelques jours plus tôt aux Algériens et par extension à tous les Maghrébins (obligation d’être sans cesse isolé, et interdiction aux travailleurs algériens de sortir de 20h30 à 5h30, les cafés tenus par des musulmans doivent fermer à 19h...). Cette manifestation rassemble environ 30.000 personnes.Le préfet de police de Paris, Maurice Papon, qui a reçu carte blanche des plus hautes autorités, dont de Gaulle, lance, avec 7.000 policiers, une répression sanglante. Il y aura 11.730 arrestations, et peut-être beaucoup plus de 200 morts, noyés ou exécutés, parmi les Algériens.
Ce crime au coeur de l’État français n’a toujours pas été reconnu officiellement
L’arrêté litigieux a ainsi porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle.
J'espère au moins que ça fera fermer leur gueule aux islamophobes légalistes. (Spoiler : Non, ils la fermeront pas)
Contrairement à ce qu’ont relayé les deux/trois journalistes mal-intentionnés qui ont lancé la “polémique”, nulle part nous n’écrivons que le camp d’été est interdit « aux blancs de peau ». Pour la simple et bonne raison que ça ne veut pas dire grand chose. On ne fait pas de la peinture là, on s’intéresse aux effets de la production de races sociales par le colonialisme européen…
Les connards qui passent leur temps à casser du sucre sur EnjoyPhoenix feraient bien de s'inspirer d'elle de temps à autres. (Et en même temps, c'est eux qui sont le moins susceptibles de le faire.)
La mixité n’est pas en elle-même un bien qu’il faudrait opposer sans discernement à une non-mixité forcément « enfermante » et « étouffante » ; la non-mixité n’est en fait oppressante que lorsqu’elle est subie, au même titre que peut être oppressante une mixité ou une proximité subie. Et si la mixité choisie (ou plus exactement : la possibilité de choisir – ou pas – la mixité) constitue un objectif pour les dominé-e-s, le chemin qui y mène passe nécessairement par des moments de non-mixité choisie.
Le titre de la star américaine met en lumière une période précise de l'histoire culturelle de la Jamaïque. Un bel hommage qui a pourtant été pour les internautes l'occasion de se moquer de Rihanna au travers des mèmes à l'humour douteux.
[…]
Un patois, du "charabia" ? Pour les ignorants euro-centrés, sans doute. Pour les autres, la blague force un sourire amer... Car non, le patois rasta n'est pas plus "incompréhensible" pour un anglophone que l'allemand, le chinois ou l'hindi. Car non, un langage peu médiatisé par la culture dite "occidentale" ne signifie pas pour autant qu'il est dépourvu de valeur. Et surtout, surtout, parce que comme toutes les langues vivantes, un langage existe au travers de ceux qui le parlent, qui ne sont pas plus "étranges" ou "exotiques" que les autres.
Cette exagération systématique des risques auxquelles font face les algériennes dans la rue maintient une peur qui frôle parfois l'irrationnel et qui fait que nos rues sont exclusivement masculines à partir de 18h.
Qu'on ne soit pas naïves, le principe d'exagération des risques est lié à la défense d'un système de valeurs bien précis. Il est naturel qu'une personne conservatrice dans les valeurs et les mœurs exagère les dangers de l'espace public; stratégie clé pour garder les siennes à la maison.
Après tout, on accepte mieux le contrôle et l'autoritarisme sous la peur.
Nous sommes passés d’un racisme biologique dominant jusqu’aux génocides de la Seconde guerre mondiale, à un racisme culturel qui attribue à chacun non pas une race spécifique mais une culture spécifique, présentée comme inapte à un métissage et à l’intégration dans la société française.
Puis :
La république s’est construite avec l’idée que les citoyens ne peuvent être distingués, y compris par leur couleur de peau. Se référer à la couleur de peau est perçu comme une réhabilitation des idéologies honteuses du passé. Il ne faut surtout pas parler des discriminations liées à son teint en France, elles mettent mal à l’aise tant à gauche qu’à droite.
« Le racisme des minoritaires à l’encontre des majoritaires peut blesser verbalement, voire être agressif physiquement, mais il ne fait pas système et ne produit pas d’inégalités sociales. »
Voila notez bien : « Il ne fait pas système ET NE PRODUIT PAS D'INÉGALITÉS SOCIALES. »
Les petits blancs qui se font insulter sont donc priés d'avoir un peu de décence et de ne pas comparer leur expérience de frustration avec les discriminations systémiques dont sont victimes les personnes non-blanches.
« Le racisme n’est pas une opinion et avant d’être un délit, c’est une insulte à ce que je suis, une insulte vulgaire, un manque d’éducation le plus élémentaire, un crachat sur ma face, la profanation du tombeau de mes ancêtres.
Le racisme n’est pas non plus un moment de colère. S’il s’exprime plus facilement dans ces moments, c’est surtout une profonde couche de merde qui remonte à la surface. »
« Actuellement n'importe quel projet d'acte violent envisagé par des jeunes se réclamant de l'islam radical fait l'objet d'un traitement politique de l'information et d'un traitement policier et judiciaire antiterroriste. Avec les incriminations du type "association de malfaiteurs" , et avec la loi votée récemment qui permet de réprimer même un projet individuel non abouti, les moyens pour enquêter sont énormes.
Mais concernant l'extrême-droite raciste, ils ne sont jamais utilisés: les auteurs interpellés alors qu'ils sont déjà passés à l'acte, ou empêchés de le faire parce qu'ils ont été dénoncés par un proche sont toujours des "individus" et seulement cela. »
Un homme blanc en france, il est à poil à la télé, il s'adresse à la ministre de la culture. Il est applaudi.
http://www.liberation.fr/societe/2015/04/28/une-jupe-longue-braque-la-direction-d-un-college_1274811
Le lendemain, une adolescente musulmane se fait exclure de son collège car sa jupe est trop longue.
Logique.
« L’outil statistique met à jour des réalités systémiques et dévoile les asymétries sociales qui s’imposent aux individus. En cela, il a toujours été une arme théorique et politique privilégiée par la gauche, par le socialisme et le communisme. L’historien américain Ted Porter le qualifie d’ « outil de faiblesse » : alors que les dominants s’accommodent des évidences non interrogées qui deviennent naturelles, les dominés doivent mettre en lumière l’injustice pour transformer le système.
[…]
Les statistiques ont-elles abolies le capitalisme ? Certes non, je vous propose un outil, pas une baguette magique. Les chiffres ne servent à rien, si ce n’est à soutenir un projet politique et une volonté d’agir. Peut-on faire sans les statistiques ethniques ? Sans doute, vous pouvez tâtonner à l’aveugle – surtout si ce n’est pas vous qui vous cognez aux murs.
[…]
Racialiser le débat, imposer la question de la « race » dans l’agenda politique et le débat publique, non pas de la race biologique, naturelle, évidente, mais celle de la race subie, la race matérielle, la race qui poursuit. Il y a une question raciale en France, et nous ne pouvons pas l’ignorer. Elle ne se résume pas à une question de classe, elle est multi-centenaire et pluridimensionnelle, elle ne cède pas à la trompette de l’égalité républicaine. Il n’y a pas de race, dites-vous. Alors pourquoi ne sommes-nous pas égaux ?
L’extrême-droite n’a pas attendu que la recherche se saisisse de la question raciale pour énoncer des contre-vérités, proférer des mensonges et inventer des chiffres. Zemmour n’a pas besoin de statistiques pour affirmer que les prisons sont pleines de noirs et d’Arabes, parce que « tout le monde le sait ! ». Génération identitaire n’a pas besoin de permission pour brandir les chiffres de la drépanocytose. Ils n’en ont pas besoin mais ils s’en serviront sûrement ! Comme ils se servent des statistiques de genre pour affirmer que la nature féminine s’accorde mal avec le travail salarié. Nous répondrons, alors, et nous aurons cette fois des fondements solides sur lesquels nous appuyer. Je n’ai pas peur des chiffres sur le nombre de racisés en prison, en échec scolaire ou au chômage. Je n’ai pas peur des chiffres sur la violence que nous subissons, parce que je sais que la réponse n’est jamais la Nature et toujours la société. »
Parce que s'en tenir à « I have a dream » c'est bien mignon, il faut aussi regarder le radicalisme qu'on essaye de nous faire oublier :
« Nous sommes également venus en ce lieu sacrifié pour rappeler à l’Amérique les exigeantes urgences de l’heure présente. Ce n’est pas le moment de s’offrir le luxe de laisser tiédir notre ardeur ou de prendre les tranquillisants des demi-mesures. C’est l’heure de tenir les promesses de la démocratie. »
« Comprenons nous bien : si le but, la finalité était pour aider “contre le racisme [envers les Noirs , je suppose]”, j’en conclus donc que le but est d’améliorer NOTRE situation. Or, sit résultat n’a aucun effet ou alimente la situation initiale, on a tout à fait le droit de le dire, de toutes les manières possibles, sans cette réponse extrêmement infantilisante “Tais toi, tu ne sais pas ce que tu dis , mais papa sait”. »
« Hier, et avant-hier pour certains d’entre nous isolés face à des voyous assermentés, nous l’avons senti le fouet ! Bien seules face aux bousculades, aux coups de matraques vicieux, aux boucliers froids, aux casques luisant d’injustice, à lagazeuze qui crache son dense jet de poivre devenant invisible dans les airs pour mieux vous faire cracher vos poumons, n’épargnant pas ceux qui l’ont déclenchée, ces CRS qui s’infligent en même temps la même punition, le regrettant dans les larmes et les toux profondes, mains sur les genoux, les visages rougis, non contents d’être filmés et photographiés par mes soins dans leur absurdité… Seul leur nombre et leurs armes font d’eux une force contraignante, car individuellement, peu de courage ces hommes, ça se voit dans leurs regards, encore pire pour les policiers habillés comme des casseurs, dont on connait les méthodes, plus voyou qu’un voyou, tabassant et étranglant dans les coins sombres surtout les basanés, cassant pour inciter d’autres à casser, de vrais délinquants, la loi en plus… Ces policiers en civil cachant leurs visages et se tournant quand un objectif photographique ou vidéo approche… Tous, Ils ne sont rien… Que des pions ! Comme un doberman qu’on achète pour protéger les biens mal acquis qu’on cache dans sa maison. »
« En fin de compte, Bailey profite grandement de tout ceci. Non seulement les corps noirs sont des crash-tests, mais nos émotions, douleurs et colères également. Il s’en sert pour se construire une notoriété, une rémunération et alimenter sa « créativité ». Il est l’homme qui allume l’incendie et observe ensuite la panique. Il est l’explorateur. Il apprécie les interprétations qui en sont faites, il apprécie donc notre colère. Le but de son installation est bien l’objectification des corps noirs par les personnes spectatrices. »
« Le corps noir demeure ainsi le crash test de la bonne conscience. “Allons au musée voir comment je réagis face à ces êtres animalisés et en cage !”, le spectateur pourra se flatter de cet après-midi découverte où sa mise en rapport avec un exotisme raciste pourra le gêner, le surprendre, tout au plus le bousculer un peu avant qu’il reprenne son quotidien. Brett Bailey fait du corps noir une performance, comme il en était question déjà à l’époque coloniale, donnant ainsi l’impression que tout le monde a quelque chose à dire sur le sujet. Or, si nous avons tous la possibilité de dire quelque chose sur le racisme, nous n’en sommes pas tous victimes. »
« Tous les lieux de pouvoir sont blancs et catho-laïcs et pourtant ce seront des militants noirs devant un théâtre qui représenteront un péril. Mais un péril pour qui exactement ? »