«La compagnie (Académie) déclare qu’elle désire suiure (suivre) l’ancienne orthographe qui distingue les gents de lettres d’auec (avec) les jgnorants (ignorants) et les simples femmes.» Il s’agissait très clairement pour l’élite de se distinguer du peuple grâce à la maîtrise de la graphie, et en faisant en sorte que le peuple ne puisse se l’approprier. C’est écrit en toutes lettres.
« En devenant correctrice, j’ai appris que personne n’était excellent en orthographe.
Pourquoi ? Parce que la première chose qu’on fait quand vous avez corrigé un texte, c’est de le faire voir par un second correcteur, qui y trouve encore des fautes. Puis un troisième, un quatrième… tous trouvent encore et toujours des fautes que vous n’aviez pas vues, ni celui avant ni celui après vous.
Jusqu’au lecteur, qui vous écrit pour vous faire part d’une ou deux fautes d’orthographe dans sa revue préférée : « inadmissible, ça se perd le respect de la langue française »…
Ce qu’on apprend vraiment quand on devient correcteur ? À arrêter de péter plus haut que son cul et de se croire infaillible. Je ne saurais que trop conseiller l’exercice à nos profs d’orthographe en herbe sur facebook. »
« L’argument de l’orthographe, ou plutôt « l’outil de l’orthographe » est constamment mobilisé pour discréditer un texte. La forme plutôt que le fond, où la forme en plus du fond, pour appuyer le fait que « c’est mal pensé ». Certain-e-s trouvent ça bien normal, moi je trouve que c’est une manière de maintenir une chasse gardée sur la chose écrite. « Si tu veux écrire, il faut connaitre et respecter les règles », c’est un peu « bas d’bras, pas d’chocolat » surtout quand la langue est si finement règlementée et qu’elle exclue une partie des individu-e-s.
Et l’alternative, de ceux et celles qui t’aiment et/ou aiment ce que t’écris c’est « fais-toi corriger ». Or, je n’ai aucune envie de me faire corriger. Premièrement parce que j’apprécie mon autonomie (merci) et deuxièmement parce que j’ai pas besoin de l’aval de quelqu’un-e pour publier un texte. Et puis, demander à quelqu’une de se faire corriger, c’est l’infantiliser, c’est lui dire qu’elle n’est pas finie, comme auteure. A cause de la langue. « C’est dommage, parce que tu écris des choses intéressantes/belles mais tu passes pour une conne. » Un peu comme un-e tétraplégique devant un escalier ? Non, on peut pas dire ça ? Non, parce que moi si je fais un effort, je pourrais écrire juste, c’est ça ? Et vous allez m’aider en me faisant une dictée par semaine ? C’est trop chou. »